jeudi 21 novembre 2019

Review Astérix La Fille de Vercingétorix


Culture Geek

La Fille de Vercingétorix : Un album farpait !









Après que Albert Uderzo ait prit sa retraite en tant que dessinateur, il a confié les rennes de la célèbre BD Astérix au scénariste Jean-Yves Ferri et au dessinateur Didier Conrad. Ces derniers ont déjà pu réaliser Astérix chez les Pictes (vrai retour aux sources), Le Papyrus de César (très sympathique et super méchant), et Astérix et La Transitalique (excellente ode au voyage digne des récits Uderzo/Goscinny et superbe final). Les auteurs sont arrivés dernièrement avec leur quatrième album (et 38ème album de la série) et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils se sont VRAIMENT surpassés ! Explications.

D'abord, là où on sentait que Didier Conrad avait pas mal de difficultés avec certains détails de quelques personnages (notamment les pupilles), on voit qu'il s'est nettement amélioré. Les personnages sont plus expressifs et on voit de moins en moins la différence entre l'élève et le maître. J'ai vraiment cru reconnaître la patte d'Uderzo dans certaines parties du récit, notamment celle avec les pirates. Bon après, je regrette un peu que certains personnages ne soient pas encore totalement maîtrisés comme Idéfix ou Mme Agecanonix (les lèvres, c'est pas encore ça du tout même).

C'est du détail, je sais je chipote ... Mais quand même !

Les environnements par contre, il n'y a absolument plus rien à dire ! Dès Le Papyrus de César on avait quelques cases perdues superbement détaillées mais ici c'est grandiose. Malgré un cadre assez fermé (puisque l'intrigue se déroule autour du village), les dessins donnent une grande profondeur aux cases comme le faisaient les créateurs de la série. Il en aura fallu du temps, mais Conrad semble enfin maîtriser l'environnement de 50 avant J.C.


Concernant le scénario, je pense pouvoir dire sans risques que tout comme les dessins le duo nous a proposé leur meilleure histoire jusqu'à présent. Partant d'une anecdote historique plus ou moins avérée, on donne naissance à tout un récit tout comme le faisait René Goscinny. Après, de là à savoir si Vercingétorix a réellement eu une fille, les historiens ne le savent pas eux-même …

Petite précision, pour ceux qui voient en Adrénaline une représentation de Greta Thunberg, sachez que ce n'est qu'une coïncidence. Les auteurs se sont basés sur leurs enfants pour l'écriture et le design. Alors stop aux polémiques débiles, c'est juste une BD Astérix ^_^

L'histoire est je trouve très bien écrite. Alignant les comiques de situation, de répétition et les quiproquos, j'ai vraiment eu la sensation de retrouver un album écrit par Goscinny. Surtout avec une scène particulièrement géniale, le mic-mac à bord du navire pirate qui démontre de la grande maîtrise du véritable cirque que sont certaines situations made in Astérix. Entre romains, pirates, gaulois et ''indépendants'' comme ils l'appellent, l'action se déroule sur plusieurs plans scénaristiques comme un épisode d'une série.
Le tout accompagné par le meilleur méchant que le duo nous ait montré, on sent une réelle menace en la présence de ce personnage et les enjeux en rapport direct avec l'histoire d'Alesia font peser des symboles très lourds.
Après bien sûr, qui dit album d'Astérix dit humour et références et cet album en est plutôt bien fourni. Mais je trouve justement qu'ils se sont améliorés par rapport à un point particulier, les jeux de mots. Dans leurs derniers albums (surtout Le Papyrus de César), je trouvais qu'ils avaient trop souvent tendance à faire de l'humour facile et gratuit avec le nom de certains personnages ou de la paronomase (quand ça sonne presque pareil mais c'est pas pareil. Exemple, boulot et bulots). Ici, ils se sont beaucoup calmés et on plus privilégié le comique de situation ou de répétition. Car même si on sait que Goscinny était un fin amateur de calembours (poils au boulgour), il n'en abusait pas non plus. Et je trouve justement que le dosage d'humour est bien mieux mené dans cet album :)

... Euh attends, quoi ? XD

Les références à la culture populaire et sociale sont assez nombreuses et on sent que cet album s'inscrit dans le contexte actuel comme l'étaient beaucoup d'autres avant lui. Que ce soient les références à des gaulois réfractaires au changement, au fait de traverser la rue pour trouver du travail, ou encore une caricature (un peu étrange visuellement mais chaleureuse) de Charles Aznavour, la critique de certains régimes d'alimentation ou l'information sur les composants des aliments, tout le monde ou presque peut se retrouver dans cet album. On y trouve même une référence au mouvement des FARC de Colombie et à Voldemort de la saga Harry Potter.

Encore une cas qui ferait penser à un album des auteurs originaux ^_^

D'ailleurs il me semble y voir une morale assez intéressante mais ce n'est que pure spéculation issue de mon esprit dément. J'y vois deux approches concernant le changement de manière générale. D'une part, le changement sans réflexion que l'on souhaite imposer incarné par Adictosérix, les romains et les pères adoptifs d'Adrénaline (et dans une certaine mesure Cétautomatix et Ordralfabétix à leurs enfants) et le changement qui intervient naturellement dans l'ordre des choses avec justement la jeunesse du village et Adrénaline qui échappent aux limites qui leur sont imposées pour voler de leurs propres ailes. Et cette opposition entre deux visions radicalement différentes de l'appréhension de l'avenir semble refléter parfaitement les conflits inter-générationnels. Ce n'est pas pour rien à mon avis que les auteurs ont attribué la phrase très impopulaire d'Emmanuel Macron au méchant de l'histoire, l’intérêt d'une vie étant avant tout de privilégier ce que pensent les principaux concernés. Ce qui est démontré d'ailleurs par l'envie des fils des forgerons et poissonniers qui veulent échanger leur apprentissage malgré ce que leur imposent leurs parents.

Bref, je conclurai avec les mots de la rédaction du site Une Case en plus, spécialiste de la bande-dessinée, qui je trouve résument parfaitement à mon sens les qualités propres de ce nouvel album :)

_'' Sans conteste, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad réalisent ici leur meilleur album d'Astérix depuis leur reprise de la franchise. Ils signent une histoire franchement très plaisante et rythmée. Ils ne manquent pas de respecter l'héritage Goscinny/Uderzo tout en y apportant un peu plus leurs pattes. Que demander de plus ! ''

Meilleur gag de l'album :D


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