Rétrospective
Astérix – 1983 à 2018
Infogrames
reprend les commandes.
Après le jeu
désastreux sur Mega Drive de Core design (cf Épisode 10), il était
temps que Sega passe la main à un autre développeur pour adapter le
célèbre gaulois moustachu sur consoles. Suite à l'initiative de
Bruno Bonnel et surtout Benoît de Maulmin, respectivement PDG et
Directeur Commercial de leur firme, Infogrames se lance dans une
série d'adaptations de licences de bande-dessinées franco-belge.
Après avoir réalisé Fantasia sur Mega Drive, Les
Tuniques Bleues sur NES et timidement participé à Drakkhen,
Astérix sur Super Nintendo sera le premier grand jeu sur
console de salon de la firme.
Épisode
11: Astérix – Super Nintendo – 1993
Alors qu'Infogrames vient d'acquérir les droits d'adaptation de la série Astérix, les équipes du studio constatent que la tâche ne va pas être facile. Alors que Konami a proposé un jeu d'excellente facture et d'une fidélité sans pareille à la bande-dessinée (cf Épisode 7), les programmeurs se retrouvent devant un problème technique de taille : la mémoire. Les cartouches du jeu auront une mémoire hélas trop faible pour réaliser tous les fantasmes des créateurs et vont devoir redoubler d'ingéniosité pour proposer un jeu fidèle et agréable à jouer tout en étant en rapport avec l'univers dont il est tiré.
Le premier regret de
l'équipe sera ne pas pouvoir permettre de jouer avec deux
personnages différents comme dans la version arcade. On incarnera
donc Astérix seulement, et afin de justifier l'absence d'Obélix, le
scénario prétextera qu'il s'est fait capturer par les romains.
Comme la cinématique d'introduction le montre, les romains emmènent
Obélix tranquilement en train de dormir sur une tortue afin qu'il
soit jeté aux lions. Abraracourcix et le conseil du village vous
envoient donc le délivrer afin probablement de leur éviter un sort
cruel. Le scénario des jeux Astérix semble se focaliser sur la
rescousse d'un des personnages prisonnier des romains, on commence à
en avoir l'habitude et cela n'est pas gênant en soi. Il est
compréhensible que nombre de fans aient pu se moquer ou même huer
ce scénario car comme le montrent les nombreuses aventures sur
papier ou au grand écran, Obélix n'a pas de grandes difficultés à
se sortir d'une prison. Cependant, ce scénario n'est pas si mauvais.
Si on y réfléchit, comme l'équipe de développement ne pouvait pas
intégrer Obélix comme second joueur et qu'on avait mit un autre
personnage comme Panoramix, cela aurait probablement trop fait écho
aux anciens scénarii. De plus, partir au secours du druide sans son
ami de toujours semble quand même osé. Voir Obélix rester au
village sans rien faire aurait été encore plus absurde que le voir
prisonnier. Et même si cela n'avait pas été Panoramix, prenons
Falbala par exemple, cela aurait été encore plus invraisemblable
quand on connaît l'attachement du livreur de menhir à la belle
blonde de Condates. Enfin, la mise en scène d'un Obélix prisonnier
fait plus penser à un Obélix en vacances qui va baffer quelques
félins qu'un Obélix qui est retenu contre sa volonté, comme le
laisse entendre le chef lors de son briefing.
Le jeu respecte
globalement très bien la bande-dessinée, dans la forme il s'agit
d'un jeu de plate-formes très inspiré par Super Mario Bros.
L'aspect graphique démontre d'un savoir-faire méticuleux et
soucieux du détail. Les décors sont soignés et colorés, ce tout
en respectant l’œuvre originale. Les personnages sont fidèles,
les romains sont plutôt expressifs et on reconnaît facilement les
décors plantés par la BD.
Un détail est par
contre assez intriguant. Les romains étant les antagonistes
principaux, on peut s'étonner de croiser certains ennemis dans le
jeu. Par exemple, dans le deuxième monde, les ennemis principaux
sont des helvètes, dans les caves on peut se battre contre les
éternelles chauve-souris clichés, mais aussi contre des araignées,
tout en évitant des stalactites et des gouttes d'eau. Techniquement,
c'est parfaitement dans l'ambiance mais c'est beaucoup moins en
accord avec la BD que le reste du jeu. Mais bon, on ne pouvait pas
non plus remplir tous les niveaux de légions romaines, il fallait
bien faire du remplissage. Aussi, ce n'est pas non plus un drame en
soi.
L'animation est très
détaillée et ne gêne aucunement les actions du joueur. Astérix se
dirige avec une grande fluidité ainsi que les ennemis. Certaines
animations sont réduites au minimum comme l'apparition d'Idéfix ou
d'Assurancetourix mais ne faisant des apparitions que de quelques
courtes secondes, ce serait chipoter pour pas grand chose.
Le jeu requiert un
gameplay précis, ainsi vous n'aurez aucun mal à atteindre la fin
des vingt-neuf niveaux divisés en cinq actes. Comme beaucoup de jeux
des années 1990, la difficulté vient ajouter son grain de sel à la
longévité du jeu, et aujourd'hui beaucoup de monde connaissent la
légendaire difficulté des jeux estampillés Infogrames. Cependant,
Stéphane Baudet, le directeur de conception du jeu, nous explique
pourquoi les jeux du tatou étaient si durs pour bon nombre d'entre
nous.
_''En fait, nos
jeux étaient assez courts, comparé aux Mario de Nintendo par
exemple. Les rendre difficile nous permettait d'allonger
artificiellement leur durée de vie. Les trois niveaux de difficulté
proposés étaient également pensés en ce sens, mais globalement,
on peut dire aujourd'hui qu'ils étaient en fait plutôt moyens,
difficile et très difficile.
L'autre raison
était qu'à l'époque nous ne faisions pas suffisamment de
playtests, c'est-à-dire de tests avec des enfants de la tranche
d'âge auxquels ces jeux étaient destinés. La difficulté était
réglée par les testeurs et l'équipe de développement, qui
jouaient trop régulièrement et manquaient de recul. Pour eux, ces
jeux s'avéraient plutôt très faciles !''
Comme dans un Mario,
les niveaux sont parsemés de petites boîtes volantes. La plupart
vous donneront des pièces, importantes car cent pièces valent une
vie supplémentaire. Mais d'autres sont plus utiles. Parfois Idéfix
viendra mordre les fesses d'un romain proche, le rendant hors d'état
de nuire, parfois Assurancetourix apparaîtra sur un nuage en
chantant, ce qui pétrifiera de peur tous les ennemis présents à
l'écran pendant quelques secondes.
N'oublions enfin pas
la célèbre potion magique que l'on retrouve sous différentes
formes. La plus commune est la potion classique qui nous rend
invulnérable et plus rapide. Mais vous trouverez également une
potion vous permettant de voler grâce au casque ailé d'Astérix.
Il faut toutefois
souligner quelques petits soucis de level design. En effet, tous les
niveaux ne vous demanderont pas d'aller nécessairement vers la
droite, certains vous demanderont de descendre, ce qui n'est pas
forcément indiqué, comme dans le premier niveau. Certes, des pièces disposées en flèches sont présentes pour vous indiquer la voie mais la taille
de ces flèches par rapport aux niveaux sont assez petites.
De même, une fois
dans les cavernes, rien n'indique s'il faut sauter dans un trou ou
aller tout droit pour finir le niveau. Il aurait au moins fallu
indiquer la sortie avec une petite flèche ou un panneau ''exit''.
Enfin, reste à voir
l'ambiance musicale. Ici, Infogrames montre qu'il maîtrise déjà
les subtilités de la musique d'ambiance. La puissance de la Super
Nintendo permet l'utilisation d'un grand nombre de sonorités se
rapprochant plus de véritables instruments de musique. Bien que la
musique des cavernes soit assez classique et ne fasse pas vraiment
penser à Astérix, le reste de la Bande Originale est parfaitement
adapté avec le jeu. Niveau dans les forêts gauloises, les côtes
bretonnes, l'Helvétie, l'Empire Romain, les musiques sont d'une
grande qualité et agréables.
Pour conclure, il
était temps que Sega passe la main. Le désastre engendré par
Astérix and the Great Rescue a bien failli ruiner la carrière
d'Astérix en jeux vidéos. Heureusement, Infogrames a pu redonner un
second souffle à la série tout en se faisant les dents sur les
consoles de salon. Astérix étant leur premier vrai jeu sur console
de salon après Fantasia, ils pourront ainsi s'exercer et
s'améliorer en vue des adaptations des Schtroumpfs, de Tintin, de
Spirou ou encore de Lucky Luke. Astérix est un bon jeu, pas le
meilleur Astérix, ni le meilleur Infogrames, mais un bon jeu tout de
même qui plaîrait à plus d'un.
À suivre...
Fiche
Technique :
Nom : Astérix
Date de sortie en France : 1993
Éditeur : Infogrames
Développeur : Infogrames
Intérêt en ludothèque : 4/5
Intérêt en Collection : 3/5
Côte : 5 à 10€ en loose
20 à 25€ complet
Sources :
- 101Hardcore_Gaming.net, article
Astérix.
- Astérix.com,
section le musée des jeux vidéos.
- Pix'N Love N°10– Puyo puyo Propos de Stéphane Baudet recueillis par Regis Monterrin.
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