Rétrospective
Astérix – 1983 à 2017
Ce
jeu est certifié par Tullius Detritus...
Il fallait bien que
cela arrive, en 1989 Sega a lancé sa toute nouvelle console 16Bits,
très en avance sur son concurrent Nintendo. Les jeux foisonnent et
les licences déferlent les unes après les autres, et bon nombre de
journalistes de l'époque considèrent la machine comme la meilleure
disponible à la vente. La mascotte française de la bande-dessinée
restera elle aussi dans les anales de la ludothèque de la Mega Drive
mais hélas pas pour les bonnes raisons...
Épisode
10: Astérix and the Great Rescue – Mega Drive – 1993
Après les
derniers succès d'Astérix sur Master System développés par
l'équipe de Sega of Japan, c'est un petit studio britannique qui
obtient les droits d'adaptation du petit gaulois sur la console
16Bits de Sega. Un studio d'ailleurs très connu aujourd'hui,
notamment pour avoir créée une des plus grandes icônes féminines
du jeu vidéo, Lara Croft. Vous l'aurez deviné, il s'agit de Core
Design, et il est surprenant de voir qu'un studio ayant une telle
renommée ait commencé sa carrière avec des jeux aussi mauvais...
Le scénario est
aussi peu inventif que n'est le reste du jeu. Panoramix le druide
s'est de nouveau fait enlever par les romains mais ces derniers en
ont profité pour enlever Idéfix aussi. On pourrait crier au manque
d'imagination au vu de ce scénario quasi-identique au premier jeu
sur Master System mais on peut toutefois considérer cet opus comme
une version bien différente de l'ère 8Bits. Ce point n'est donc
pas le pire du jeu et peut même être facilement pardonné.
Cependant, là où
l'on pourrait légitimement se plaindre c'est dans la cohérence des niveaux
et de leur design. Comme dans n'importe quel jeu de plate-formes
existant dans le monde, on enchaîne les niveaux les uns après les
autres. Mais tandis que ses aînés sur Master System semblaient
avoir compris ce qu'était la cohérence entre les niveau, que ce
soit sur l'enchaînement des niveaux ou sur le design, la version
Mega Drive est un véritable déluge de mauvais goûts. Le jeu
commence dans le village gaulois avec un niveau relativement facile.
On y croise des romains déguisés en arbres comme dans Le Combat des
Chefs mais aussi des hiboux. Étrange de voir ces derniers en guise
d'ennemis d'ailleurs car Le Coup du Menhir nous avait pourtant bien
démontré qu'ils étaient amicaux.
Mais le pire avec ce
niveau est qu'il est totalement trompeur et aguiche le joueur dans un
jeu qui n'aura rien à voir ou presque avec l'univers d'Astérix. Le
niveaux deux pose tous les problèmes du jeu, quoique certains
fussent annoncés dans le niveau un. Déjà au niveau graphique le
jeu est une calamité, les versions Master System arrivaient à faire
bien mieux en terme de décors. On se retrouve dans ce qui semble
être un port mais la modélisation est à la limite du simpliste,
voire même de l'abstrait. Ordralfabétix est ici pour nous rappeler
que l'on vient tout juste de sortir du village car sans cela,
difficile de situer le niveau par rapport à notre point de départ.
Quoique, cela pourrait très bien être une simple pancarte pour sa
poissonnerie puisqu'il ne bouge absolument pas, il n'a aucune
animation. Ce n'est qu'un détail me direz-vous mais avouez que cela
annonce la couleur du reste du jeu.
La cohérence est
sincèrement un des pires défauts du jeu. Les niveaux s'enchaînent
les uns après les autres sans qu'ils n'aient aucun rapport avec la
bande-dessinée. Le niveau trois est un niveau aquatique, étrange
quand on sait qu'Astérix ne peut pas rester trop longtemps sous
l'eau selon la BD. Le niveau quatre est de nouveau avec un ciel
étoilé, en d'autres termes la meilleure excuse pour ne pas avoir à
faire d'arrière-plan. On avance sur des collines pour finir sous
l'eau comme dans un niveau aquatique dans Sonic. Le niveau cinq est
un dédale de couloirs (toujours sans arrière-plan), cela semble
être une sorte de forteresse mais rien ne semble le confirmer car le
niveau six ressemble à un mélange de donjon et de forge avec des
cellules certes mais avec des serpes de druide géantes et des
coulées de métal en fusion qui nous tombent dessus. Le niveau sept lui ressemble un peu mais avec de la lave en plus, dans le niveau
huit on doit sauter sur des engrenages... Astérix s'est fait une
spécialité des anachronismes mais ils étaient drôles ou bien
faits car ils étaient discrets. Ici, c'est juste ridicule. Puis
après encore un autre niveau totalement labyrinthique, on arrive au
premier boss qui n'est autre que... Assurancetourix dans sa hutte au
village... Là où c'est inventif, on doit se servir des gaulois qui
fuient le barde comme de plate-formes pour atteindre le barde et lui
lancer des poissons pour le faire taire. Là où c'est absurde,
pourquoi avoir parcouru des centaines de kilomètres pour revenir au
village ?
Peu importe, on
semble avec ce retour au village retrouver un peu de cohérence
puisque le niveau suivant est un camp romain, peut être que les
développeurs vont stopper leurs acides et que le vrai voyage va
commencer ? Il semblerait car on poursuit avec une forêt puis
un autre camp, un peu plus réaliste. On enchaîne avec un village de
pêcheur, une ville, encore un camp, puis un boss. Un camp romain
équipé de catapultes dont on doit renvoyer les rochers. Mais à
partir d'ici, on retombe dans nos travers. Niveau sur des legos, sur
des saucisses volantes, sur un aigle, puis sur les montagnes pour
arriver à Rome.
Il faut reconnaître
que cette succession de niveaux octroie une certaine longévité au
jeu. La durée de vie est relativement admirable, surtout qu'un
système de mots de passes permet de poursuivre l'aventure comme bon
vous semble. Mais le reste du jeu va vite décourager plus d'un
joueur.
Au niveau graphique, l'incohérence est également de la partie. Je n'ai pas le souvenir qu'Astérix ait un jour marché sur des saucisses volantes ou affronté des bonhommes de neige, encore moins qu'il se batte contre un romain qui fait le jeu du rondin (deux personnes sur un rondin qui flotte sur une rivière, le premier à l'eau a perdu, un sport traditionnel canadien). Boss au passage et probablement un des plus ridicules et faciles de l'histoire du jeu vidéo.
Les décors,
animations et arrière-plans combinés proposent une expérience de
jeu tout à fait linéaire car l'aspect graphique est tellement
mauvais qu'il faut une force mentale hors du commun pour avoir la
volonté de poursuivre le jeu. Les décors sont donc ridicules, mais les arrière-plans sont aussi abstraits,
ils font penser aux niveaux bonus dans le premier Sonic avec des
motifs répétés, mais le problème est que le jeu entier est comme
ça.
De plus, les
animations sont parfois extrêmement gênantes, notamment dans le
niveau de la montagne où la neige y tombe en permanence, neige
représentée sous la forme de flocons géants qui empêche
d'anticiper les plate-formes comme les ennemis. Enfin, certains
designs sont juste ridicules. Autant la présence de romains, de
goths ou de loups sont compréhensibles mais des femmes allemandes
qui explosent après être passés à côté ou encore des
hippocampes géants, c'est très étrange.
Le level design est très abstrait mais ce n'est pas la physique du jeu qui va vous faciliter la tâche. En effet, cette dernière exige un gameplay millimétré pour pouvoir finir le jeu, et au vu des contrôles disponibles, le seul moyen d'y arriver est de connaître par cœur les niveaux, niveaux que l'on va recommencer un nombre incalculable de fois. Pour aller plus dans le détail, chaque niveau dispose d'un timer très restreint (à l'exception du premier niveau en guise de tutoriel). Vous pouvez encaisser un certain nombre de coups mais les possibilités de prendre des coups sont tellement nombreuses que cela ruine tout le plaisir de jeu.
Concernant les
ennemis, la hitbox est le centre du problème. Non seulement celle des
ennemis mais aussi la vôtre. En effet, cette zone qui considère si
vous avez prit un coup ou non a été complètement sabotée car il
est impossible de tuer un ennemi qui marche dans le même sens que
vous sans prendre des dégâts.
Il existe bien des
items pour nous permettre d'avancer mais ils sont tout aussi ratés.
Les plus utiles sont les aliments qui nous redonnent de la vie,
notamment les calices de vin et les sangliers. Ensuite, on a une
espèce de bombe qui est en fait une invincibilité temporaire qui
booste également notre vitesse. Enfin restent les items classiques.
Ils sont symbolisés par des gourdes de potions magiques sur les
niveaux mais il est impossible de les différencier. Une fois que
vous en ramassez, vous avez une petite vignette qui est sensée vous
décrire l'effet du power-up, mais celles-ci sont parfois très mal
réalisées et/ou abstraites, ce qui force à trouver le jeu avec son
manuel pour éviter ce genre de problèmes. Par exemple, pour les
grenades explosives pas de problème, c'est une image d'explosion.
Pour les nuages, cela sert à créer des plate-formes éphémères,
et une tête d'Astérix entourée de fleurs signifie que vous pouvez
devenir invisible aux yeux des ennemis, ce qui permet de passer
notamment des romains fantômes.
Enfin, on en arrive
à un des pires points du jeu, le niveau sonore. Le sound design en
général est relativement bien réalisé. Les bruitages sont
supportables et classiques, seul celui de l'invincibilité temporaire
avec la bombe est assez inquiétant à entendre puisque l'on pourrait
croire que la Mega Drive n'y survivra pas.
Cependant, les
musiques sont un véritable désastre. La qualité de ces dernières
est variable. Certaines sont très sympathiques comme l'écran titre,
le premier niveau ou le niveau de la montagne. Mais certaines le sont
beaucoup moins et obligent à baisser le son de la télé. Après,
qu'elles soient de qualité ou pas, ce n'est pas le plus important
puisque l'on parle ici d'une adaptation d'Astérix le Gaulois, cela
supposerait donc un registre musical assez proche de ce qui s'est
fait avant en la matière et au cinéma. Mais non ! Les musiques
n'ont pour la plupart absolument aucun rapport de près ou de loin
avec la bande-dessinée. Le meilleur exemple c'est la musique de
l'écran de pause qui est probablement la meilleure musique
d'ascenseur jamais réalisée sur Mega Drive...
Que retenir pour
conclure ? En tentant de reprendre le système d'items posé par les
opus Master System et en les ''améliorant'', le jeu s'est compliqué
et est devenu dans son ensemble très abstrait et sans logique, là
où la bande-dessinée se veut soucieuse du détail. Graphismes à la
qualité très variables, musiques inaudibles, difficulté extrême,
incohérences en série, Astérix and the Great Rescue est lui aussi
resté dans les mémoires des joueurs de Sega mais on aurait préféré
qu'il le soit pour d'autres raisons... Il est temps que Sega passe la
main, et vite !
Fiche
Technique :
Nom : Astérix and the Great Rescue
Date de sortie en France : 1993
Éditeur : Sega
Développeur : Core Design
Intérêt en ludothèque : 1/5
Intérêt en Collection : 2/5
Côte : 5 à 10€ en loose
15 à 20€ complet
Sources :
- 101Hardcore_Gaming.net, article
Astérix.
- Astérix.com,
section le musée des jeux vidéos.
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