samedi 14 octobre 2017

L'Histoire d'Astérix en jeux vidéos - Episode 10

Rétrospective Astérix – 1983 à 2017

Ce jeu est certifié par Tullius Detritus...

Il fallait bien que cela arrive, en 1989 Sega a lancé sa toute nouvelle console 16Bits, très en avance sur son concurrent Nintendo. Les jeux foisonnent et les licences déferlent les unes après les autres, et bon nombre de journalistes de l'époque considèrent la machine comme la meilleure disponible à la vente. La mascotte française de la bande-dessinée restera elle aussi dans les anales de la ludothèque de la Mega Drive mais hélas pas pour les bonnes raisons...

Épisode 10: Astérix and the Great Rescue – Mega Drive – 1993


Après les derniers succès d'Astérix sur Master System développés par l'équipe de Sega of Japan, c'est un petit studio britannique qui obtient les droits d'adaptation du petit gaulois sur la console 16Bits de Sega. Un studio d'ailleurs très connu aujourd'hui, notamment pour avoir créée une des plus grandes icônes féminines du jeu vidéo, Lara Croft. Vous l'aurez deviné, il s'agit de Core Design, et il est surprenant de voir qu'un studio ayant une telle renommée ait commencé sa carrière avec des jeux aussi mauvais...

Le scénario est aussi peu inventif que n'est le reste du jeu. Panoramix le druide s'est de nouveau fait enlever par les romains mais ces derniers en ont profité pour enlever Idéfix aussi. On pourrait crier au manque d'imagination au vu de ce scénario quasi-identique au premier jeu sur Master System mais on peut toutefois considérer cet opus comme une version bien différente de l'ère 8Bits. Ce point n'est donc pas le pire du jeu et peut même être facilement pardonné.

Cependant, là où l'on pourrait légitimement se plaindre c'est dans la cohérence des niveaux et de leur design. Comme dans n'importe quel jeu de plate-formes existant dans le monde, on enchaîne les niveaux les uns après les autres. Mais tandis que ses aînés sur Master System semblaient avoir compris ce qu'était la cohérence entre les niveau, que ce soit sur l'enchaînement des niveaux ou sur le design, la version Mega Drive est un véritable déluge de mauvais goûts. Le jeu commence dans le village gaulois avec un niveau relativement facile. On y croise des romains déguisés en arbres comme dans Le Combat des Chefs mais aussi des hiboux. Étrange de voir ces derniers en guise d'ennemis d'ailleurs car Le Coup du Menhir nous avait pourtant bien démontré qu'ils étaient amicaux.

Mais le pire avec ce niveau est qu'il est totalement trompeur et aguiche le joueur dans un jeu qui n'aura rien à voir ou presque avec l'univers d'Astérix. Le niveaux deux pose tous les problèmes du jeu, quoique certains fussent annoncés dans le niveau un. Déjà au niveau graphique le jeu est une calamité, les versions Master System arrivaient à faire bien mieux en terme de décors. On se retrouve dans ce qui semble être un port mais la modélisation est à la limite du simpliste, voire même de l'abstrait. Ordralfabétix est ici pour nous rappeler que l'on vient tout juste de sortir du village car sans cela, difficile de situer le niveau par rapport à notre point de départ. Quoique, cela pourrait très bien être une simple pancarte pour sa poissonnerie puisqu'il ne bouge absolument pas, il n'a aucune animation. Ce n'est qu'un détail me direz-vous mais avouez que cela annonce la couleur du reste du jeu.

La cohérence est sincèrement un des pires défauts du jeu. Les niveaux s'enchaînent les uns après les autres sans qu'ils n'aient aucun rapport avec la bande-dessinée. Le niveau trois est un niveau aquatique, étrange quand on sait qu'Astérix ne peut pas rester trop longtemps sous l'eau selon la BD. Le niveau quatre est de nouveau avec un ciel étoilé, en d'autres termes la meilleure excuse pour ne pas avoir à faire d'arrière-plan. On avance sur des collines pour finir sous l'eau comme dans un niveau aquatique dans Sonic. Le niveau cinq est un dédale de couloirs (toujours sans arrière-plan), cela semble être une sorte de forteresse mais rien ne semble le confirmer car le niveau six ressemble à un mélange de donjon et de forge avec des cellules certes mais avec des serpes de druide géantes et des coulées de métal en fusion qui nous tombent dessus. Le niveau sept lui ressemble un peu mais avec de la lave en plus, dans le niveau huit on doit sauter sur des engrenages... Astérix s'est fait une spécialité des anachronismes mais ils étaient drôles ou bien faits car ils étaient discrets. Ici, c'est juste ridicule. Puis après encore un autre niveau totalement labyrinthique, on arrive au premier boss qui n'est autre que... Assurancetourix dans sa hutte au village... Là où c'est inventif, on doit se servir des gaulois qui fuient le barde comme de plate-formes pour atteindre le barde et lui lancer des poissons pour le faire taire. Là où c'est absurde, pourquoi avoir parcouru des centaines de kilomètres pour revenir au village ?

Peu importe, on semble avec ce retour au village retrouver un peu de cohérence puisque le niveau suivant est un camp romain, peut être que les développeurs vont stopper leurs acides et que le vrai voyage va commencer ? Il semblerait car on poursuit avec une forêt puis un autre camp, un peu plus réaliste. On enchaîne avec un village de pêcheur, une ville, encore un camp, puis un boss. Un camp romain équipé de catapultes dont on doit renvoyer les rochers. Mais à partir d'ici, on retombe dans nos travers. Niveau sur des legos, sur des saucisses volantes, sur un aigle, puis sur les montagnes pour arriver à Rome.

Il faut reconnaître que cette succession de niveaux octroie une certaine longévité au jeu. La durée de vie est relativement admirable, surtout qu'un système de mots de passes permet de poursuivre l'aventure comme bon vous semble. Mais le reste du jeu va vite décourager plus d'un joueur.


Au niveau graphique, l'incohérence est également de la partie. Je n'ai pas le souvenir qu'Astérix ait un jour marché sur des saucisses volantes ou affronté des bonhommes de neige, encore moins qu'il se batte contre un romain qui fait le jeu du rondin (deux personnes sur un rondin qui flotte sur une rivière, le premier à l'eau a perdu, un sport traditionnel canadien). Boss au passage et probablement un des plus ridicules et faciles de l'histoire du jeu vidéo.
Les décors, animations et arrière-plans combinés proposent une expérience de jeu tout à fait linéaire car l'aspect graphique est tellement mauvais qu'il faut une force mentale hors du commun pour avoir la volonté de poursuivre le jeu. Les décors sont donc ridicules, mais les arrière-plans sont aussi abstraits, ils font penser aux niveaux bonus dans le premier Sonic avec des motifs répétés, mais le problème est que le jeu entier est comme ça.

De plus, les animations sont parfois extrêmement gênantes, notamment dans le niveau de la montagne où la neige y tombe en permanence, neige représentée sous la forme de flocons géants qui empêche d'anticiper les plate-formes comme les ennemis. Enfin, certains designs sont juste ridicules. Autant la présence de romains, de goths ou de loups sont compréhensibles mais des femmes allemandes qui explosent après être passés à côté ou encore des hippocampes géants, c'est très étrange.

Le level design est très abstrait mais ce n'est pas la physique du jeu qui va vous faciliter la tâche. En effet, cette dernière exige un gameplay millimétré pour pouvoir finir le jeu, et au vu des contrôles disponibles, le seul moyen d'y arriver est de connaître par cœur les niveaux, niveaux que l'on va recommencer un nombre incalculable de fois. Pour aller plus dans le détail, chaque niveau dispose d'un timer très restreint (à l'exception du premier niveau en guise de tutoriel). Vous pouvez encaisser un certain nombre de coups mais les possibilités de prendre des coups sont tellement nombreuses que cela ruine tout le plaisir de jeu.

Concernant les ennemis, la hitbox est le centre du problème. Non seulement celle des ennemis mais aussi la vôtre. En effet, cette zone qui considère si vous avez prit un coup ou non a été complètement sabotée car il est impossible de tuer un ennemi qui marche dans le même sens que vous sans prendre des dégâts.

Il existe bien des items pour nous permettre d'avancer mais ils sont tout aussi ratés. Les plus utiles sont les aliments qui nous redonnent de la vie, notamment les calices de vin et les sangliers. Ensuite, on a une espèce de bombe qui est en fait une invincibilité temporaire qui booste également notre vitesse. Enfin restent les items classiques. Ils sont symbolisés par des gourdes de potions magiques sur les niveaux mais il est impossible de les différencier. Une fois que vous en ramassez, vous avez une petite vignette qui est sensée vous décrire l'effet du power-up, mais celles-ci sont parfois très mal réalisées et/ou abstraites, ce qui force à trouver le jeu avec son manuel pour éviter ce genre de problèmes. Par exemple, pour les grenades explosives pas de problème, c'est une image d'explosion. Pour les nuages, cela sert à créer des plate-formes éphémères, et une tête d'Astérix entourée de fleurs signifie que vous pouvez devenir invisible aux yeux des ennemis, ce qui permet de passer notamment des romains fantômes.

Enfin, on en arrive à un des pires points du jeu, le niveau sonore. Le sound design en général est relativement bien réalisé. Les bruitages sont supportables et classiques, seul celui de l'invincibilité temporaire avec la bombe est assez inquiétant à entendre puisque l'on pourrait croire que la Mega Drive n'y survivra pas.
Cependant, les musiques sont un véritable désastre. La qualité de ces dernières est variable. Certaines sont très sympathiques comme l'écran titre, le premier niveau ou le niveau de la montagne. Mais certaines le sont beaucoup moins et obligent à baisser le son de la télé. Après, qu'elles soient de qualité ou pas, ce n'est pas le plus important puisque l'on parle ici d'une adaptation d'Astérix le Gaulois, cela supposerait donc un registre musical assez proche de ce qui s'est fait avant en la matière et au cinéma. Mais non ! Les musiques n'ont pour la plupart absolument aucun rapport de près ou de loin avec la bande-dessinée. Le meilleur exemple c'est la musique de l'écran de pause qui est probablement la meilleure musique d'ascenseur jamais réalisée sur Mega Drive...

Que retenir pour conclure ? En tentant de reprendre le système d'items posé par les opus Master System et en les ''améliorant'', le jeu s'est compliqué et est devenu dans son ensemble très abstrait et sans logique, là où la bande-dessinée se veut soucieuse du détail. Graphismes à la qualité très variables, musiques inaudibles, difficulté extrême, incohérences en série, Astérix and the Great Rescue est lui aussi resté dans les mémoires des joueurs de Sega mais on aurait préféré qu'il le soit pour d'autres raisons... Il est temps que Sega passe la main, et vite !

À suivre.





Fiche Technique :
Nom : Astérix and the Great Rescue
Date de sortie en France : 1993
Éditeur : Sega
Développeur : Core Design
Intérêt en ludothèque : 1/5
Intérêt en Collection : 2/5
Côte :  5 à 10€ en loose
           15 à 20€ complet

Sources : 
- 101Hardcore_Gaming.net, article Astérix.
- Astérix.com, section le musée des jeux vidéos.


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