dimanche 16 décembre 2018

L'Histoire d'Astérix en jeux vidéos - Episode 12


Rétrospective Astérix – 1983 à 2018

¡ Vamos a la playa, Obélix !

Astérix sur Super Nintendo a été un énorme succès pour Infogrames. En privilégiant des cartouches peu coûteuses à faible mémoire et en misant sur une grande figure, ils ont pu maximiser leurs profits puisque ce sont plus de 600 000 copies qui trouveront preneur dans les six premiers mois. À l'origine du projet, la firme pensait se concentrer sur un épisode pour la Super Nintendo, mais ils décidèrent en cours de route de réaliser également un opus pour la Game Boy, puis pourquoi pas un épisode pour la NES.

Épisode 12: Astérix – NES – 1993



C'est en Espagne, dans les studios de Bit Managers que ce jeu fut réalisé. Infogrames a bien sûr collaboré à ce jeu mais uniquement sur le design. Tout le reste (graphismes, sons, programmation) a été confié au studio basé à Barcelone. Anecdote intéressante, cette firme qui s'occupera par la suite de très nombreuses conversions de titres Infogrames pour le 8Bits n'était pas du tout orientée vers le jeu vidéo. Son dirigeant ne possédait que... des boutiques de vêtements... Amusant de constater où ils sont arrivés.
Encore une fois, les développeurs ont dû faire face à la taille très limitée de la mémoire des cartouches. Il allait falloir ruser pour proposer le meilleur jeu possible pour la petite console monochrome de Nintendo.
Comme son modèle 16Bits, la presse reprochera les mêmes travers à ce portage. Un scénario trop faible et ridicule, la possibilité de ne jouer qu'avec Astérix et une difficulté très mal dosée. Mais c'est sans compter sur le savoir-faire naissant de Bit Managers.

Visuellement, l'inspiration de Super Mario Bros. se sent beaucoup plus que sur la version 16Bits. On retrouve un jeu de plate-formes très rigoureux au niveau de la gestion des sauts, la prééminence des pièces présentes dans des blocs volants. Cependant, il reste très différent de son grand frère, et même de sa version portable.
Le jeu est très correct, les couleurs sont vives et proches de l'univers de la bande-dessinée, les graphismes en 8Bits tentent de reproduire le plus fidèlement que possible ce que posait l'opus Snes mais on pourrait émettre une réserve sur la qualité graphique de ce jeu. Infogrames est souvent réputé pour proposer des jeux adaptés de bande-dessinées aux graphismes superbes, mais ici un élément fait tâche dans tout le reste : l'arrière-plan. Il est vrai que ce n'est pas l'élément central du jeu et que ce n'est pas ce à quoi un joueur moyen va regarder avec attention. Mais quand on connaît les prouesses techniques que la NES a pu proposer, il est triste de constater qu'il n'y a qu'un pauvre scrolling digne des débuts de la Famicom en 1983. La même version du jeu sur Game Boy propose un arrière-plan bien mieux géré avec plus lignes de décors, ce qu'on appelle un scrolling parallaxe (ou défilement différentiel).
Mais sans aller jusqu'à dire que c'est une erreur impardonnable, le jeu reste très beau et fluide, et l'on oublie vite ce soucis du détail. L'animation est d'ailleurs relativement détaillée pour de la NES. Astérix dispose d'une petite animation lorsqu'il s'arrête et change de sens de marche, les romains et la plupart des ennemis d'ailleurs sont plutôt bien détaillés. Graphiquement, il sait montrer l'exemple et rester digne de ses origines plus que modestes.



Autre anecdote de réalisation concernant la collaboration du papa d'Astérix, Albert Uderzo. Ce dernier s'est montré très coopératif selon les équipes de l'époque et a même participé à des éléments clés de la réalisation comme le choix du type du jeu ou l'esthétisme général de l'univers. Il a notamment apporté sa contribution lors de l'animation d'Astérix afin de revoir les proportions du personnage, et ce sur chaque version.

La difficulté quant à elle est toujours présente, certains diraient même qu'elle est inhérente à Infogrames. Le jeu requiert des sauts précis, et le gameplay l'est suffisamment pour les procurer. Il est possible de choisir trois niveaux de difficulté, et si le facile ne semble pas si aisé, pour rappel les testeurs des équipes d'Infogrames étaient trop habitués à ce type de jeu pour souligner un niveau trop élevé (cf épisode 11).



L'équipe espagnole en charge des versions 8Bits a donc suivi le modèle des français et fourni un travail mémorable. Si le jeu n'a pas été très marquant dans la mémoire des joueurs, il a pourtant été un succès commercial indéniable (bien que la version NES fut la moins bien vendue des trois...). La qualité graphique évidemment au rendez-vous y a contribué mais il faut aussi s'attarder sur l'aspect musical et sonore probablement aussi réussi. Le musicien de Bit Managers, Alberto José Gonzales, a fournit un travail exemplaire. Il a notamment réussi malgré la taille très réduite des cartouches comme nous l'avons vu à synthétiser quelques voix. Autre anecdote, le but en composant la musique était de produire des mélodies facile à mémoriser et qui marquent le joueur. Mission accomplie !

Un seul point noir pourrait être relevé, toujours par rapport à la version Super Nintendo, sa durée de vie. Chaque acte du jeu est divisé en trois niveaux mais il n'y a que cinq actes, soit quinze niveaux. On est bien loin des neuf mondes divisés en cinq niveaux de la version 16Bits... Mais ce n'est qu'à titre comparatif, autrement le jeu reste très plaisant à jouer et est compensé par sa difficulté. Le jeu n'est pas plus dur que son modèle mais le level design exige plus d'habilité et de maîtrise de sa manette durant certaines phases de plate-formes.

Pour conclure, bien que cette version ait moins marqué les joueurs que les versions Snes et Game Boy, il n'en reste pas moins un bon jeu. Infogrames a su tirer son épingle du lot et grâce à Bit Managers proposer un excellent compromis pour ceux qui ne possédaient pas encore la machine 16Bits de Nintendo. Bien que simpliste par certains aspects, il n'en reste pas moins un classique de l'histoire d'Infogrames, du jeu vidéo français et même de l'histoire d'Astérix.


À suivre...



Fiche Technique :
Nom : Astérix
Date de sortie en France : 1993
Éditeur : Infogrames
Développeur : Bit Managers
Intérêt en ludothèque : 3/5
Intérêt en Collection : 4/5
Côte : 10 à 15€ en loose
20 à 30€ complet

Sources : 
- 101Hardcore_Gaming.net, article Astérix.
- Astérix.com, section le musée des jeux vidéos.

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