lundi 29 janvier 2018

L'Histoire d'Astérix en jeux vidéos - Episode 11

Rétrospective Astérix – 1983 à 2018

Infogrames reprend les commandes.

Après le jeu désastreux sur Mega Drive de Core design (cf Épisode 10), il était temps que Sega passe la main à un autre développeur pour adapter le célèbre gaulois moustachu sur consoles. Suite à l'initiative de Bruno Bonnel et surtout Benoît de Maulmin, respectivement PDG et Directeur Commercial de leur firme, Infogrames se lance dans une série d'adaptations de licences de bande-dessinées franco-belge. Après avoir réalisé Fantasia sur Mega Drive, Les Tuniques Bleues sur NES et timidement participé à Drakkhen, Astérix sur Super Nintendo sera le premier grand jeu sur console de salon de la firme.

Épisode 11: Astérix – Super Nintendo – 1993


Alors qu'Infogrames vient d'acquérir les droits d'adaptation de la série Astérix, les équipes du studio constatent que la tâche ne va pas être facile. Alors que Konami a proposé un jeu d'excellente facture et d'une fidélité sans pareille à la bande-dessinée (cf Épisode 7), les programmeurs se retrouvent devant un problème technique de taille : la mémoire. Les cartouches du jeu auront une mémoire hélas trop faible pour réaliser tous les fantasmes des créateurs et vont devoir redoubler d'ingéniosité pour proposer un jeu fidèle et agréable à jouer tout en étant en rapport avec l'univers dont il est tiré.

Le premier regret de l'équipe sera ne pas pouvoir permettre de jouer avec deux personnages différents comme dans la version arcade. On incarnera donc Astérix seulement, et afin de justifier l'absence d'Obélix, le scénario prétextera qu'il s'est fait capturer par les romains. Comme la cinématique d'introduction le montre, les romains emmènent Obélix tranquilement en train de dormir sur une tortue afin qu'il soit jeté aux lions. Abraracourcix et le conseil du village vous envoient donc le délivrer afin probablement de leur éviter un sort cruel. Le scénario des jeux Astérix semble se focaliser sur la rescousse d'un des personnages prisonnier des romains, on commence à en avoir l'habitude et cela n'est pas gênant en soi. Il est compréhensible que nombre de fans aient pu se moquer ou même huer ce scénario car comme le montrent les nombreuses aventures sur papier ou au grand écran, Obélix n'a pas de grandes difficultés à se sortir d'une prison. Cependant, ce scénario n'est pas si mauvais. Si on y réfléchit, comme l'équipe de développement ne pouvait pas intégrer Obélix comme second joueur et qu'on avait mit un autre personnage comme Panoramix, cela aurait probablement trop fait écho aux anciens scénarii. De plus, partir au secours du druide sans son ami de toujours semble quand même osé. Voir Obélix rester au village sans rien faire aurait été encore plus absurde que le voir prisonnier. Et même si cela n'avait pas été Panoramix, prenons Falbala par exemple, cela aurait été encore plus invraisemblable quand on connaît l'attachement du livreur de menhir à la belle blonde de Condates. Enfin, la mise en scène d'un Obélix prisonnier fait plus penser à un Obélix en vacances qui va baffer quelques félins qu'un Obélix qui est retenu contre sa volonté, comme le laisse entendre le chef lors de son briefing.




Le jeu respecte globalement très bien la bande-dessinée, dans la forme il s'agit d'un jeu de plate-formes très inspiré par Super Mario Bros. L'aspect graphique démontre d'un savoir-faire méticuleux et soucieux du détail. Les décors sont soignés et colorés, ce tout en respectant l’œuvre originale. Les personnages sont fidèles, les romains sont plutôt expressifs et on reconnaît facilement les décors plantés par la BD.
Un détail est par contre assez intriguant. Les romains étant les antagonistes principaux, on peut s'étonner de croiser certains ennemis dans le jeu. Par exemple, dans le deuxième monde, les ennemis principaux sont des helvètes, dans les caves on peut se battre contre les éternelles chauve-souris clichés, mais aussi contre des araignées, tout en évitant des stalactites et des gouttes d'eau. Techniquement, c'est parfaitement dans l'ambiance mais c'est beaucoup moins en accord avec la BD que le reste du jeu. Mais bon, on ne pouvait pas non plus remplir tous les niveaux de légions romaines, il fallait bien faire du remplissage. Aussi, ce n'est pas non plus un drame en soi.
L'animation est très détaillée et ne gêne aucunement les actions du joueur. Astérix se dirige avec une grande fluidité ainsi que les ennemis. Certaines animations sont réduites au minimum comme l'apparition d'Idéfix ou d'Assurancetourix mais ne faisant des apparitions que de quelques courtes secondes, ce serait chipoter pour pas grand chose.

Le jeu requiert un gameplay précis, ainsi vous n'aurez aucun mal à atteindre la fin des vingt-neuf niveaux divisés en cinq actes. Comme beaucoup de jeux des années 1990, la difficulté vient ajouter son grain de sel à la longévité du jeu, et aujourd'hui beaucoup de monde connaissent la légendaire difficulté des jeux estampillés Infogrames. Cependant, Stéphane Baudet, le directeur de conception du jeu, nous explique pourquoi les jeux du tatou étaient si durs pour bon nombre d'entre nous.

_''En fait, nos jeux étaient assez courts, comparé aux Mario de Nintendo par exemple. Les rendre difficile nous permettait d'allonger artificiellement leur durée de vie. Les trois niveaux de difficulté proposés étaient également pensés en ce sens, mais globalement, on peut dire aujourd'hui qu'ils étaient en fait plutôt moyens, difficile et très difficile.
L'autre raison était qu'à l'époque nous ne faisions pas suffisamment de playtests, c'est-à-dire de tests avec des enfants de la tranche d'âge auxquels ces jeux étaient destinés. La difficulté était réglée par les testeurs et l'équipe de développement, qui jouaient trop régulièrement et manquaient de recul. Pour eux, ces jeux s'avéraient plutôt très faciles !''




Le gameplay quant à lui est d'une simplicité telle (et surtout d'une ressemblance flagrante avec un Mario) que n'importe qui ayant joué au plombier de Nintendo pourra progresser sans trop se demander comment les contrôles réagissent. Un bouton pour frapper, un pour sauter et un turbo pour courir et sauter plus loin. Les gachêttes servent à avancer la caméra, pratique en cas de saut de l'ange apparent. Et certains items viendront vous aider dans votre mission.
Comme dans un Mario, les niveaux sont parsemés de petites boîtes volantes. La plupart vous donneront des pièces, importantes car cent pièces valent une vie supplémentaire. Mais d'autres sont plus utiles. Parfois Idéfix viendra mordre les fesses d'un romain proche, le rendant hors d'état de nuire, parfois Assurancetourix apparaîtra sur un nuage en chantant, ce qui pétrifiera de peur tous les ennemis présents à l'écran pendant quelques secondes.
N'oublions enfin pas la célèbre potion magique que l'on retrouve sous différentes formes. La plus commune est la potion classique qui nous rend invulnérable et plus rapide. Mais vous trouverez également une potion vous permettant de voler grâce au casque ailé d'Astérix.
Il faut toutefois souligner quelques petits soucis de level design. En effet, tous les niveaux ne vous demanderont pas d'aller nécessairement vers la droite, certains vous demanderont de descendre, ce qui n'est pas forcément indiqué, comme dans le premier niveau. Certes, des pièces disposées en flèches sont présentes pour vous indiquer la voie mais la taille de ces flèches par rapport aux niveaux sont assez petites.
De même, une fois dans les cavernes, rien n'indique s'il faut sauter dans un trou ou aller tout droit pour finir le niveau. Il aurait au moins fallu indiquer la sortie avec une petite flèche ou un panneau ''exit''.

Enfin, reste à voir l'ambiance musicale. Ici, Infogrames montre qu'il maîtrise déjà les subtilités de la musique d'ambiance. La puissance de la Super Nintendo permet l'utilisation d'un grand nombre de sonorités se rapprochant plus de véritables instruments de musique. Bien que la musique des cavernes soit assez classique et ne fasse pas vraiment penser à Astérix, le reste de la Bande Originale est parfaitement adapté avec le jeu. Niveau dans les forêts gauloises, les côtes bretonnes, l'Helvétie, l'Empire Romain, les musiques sont d'une grande qualité et agréables.

Pour conclure, il était temps que Sega passe la main. Le désastre engendré par Astérix and the Great Rescue a bien failli ruiner la carrière d'Astérix en jeux vidéos. Heureusement, Infogrames a pu redonner un second souffle à la série tout en se faisant les dents sur les consoles de salon. Astérix étant leur premier vrai jeu sur console de salon après Fantasia, ils pourront ainsi s'exercer et s'améliorer en vue des adaptations des Schtroumpfs, de Tintin, de Spirou ou encore de Lucky Luke. Astérix est un bon jeu, pas le meilleur Astérix, ni le meilleur Infogrames, mais un bon jeu tout de même qui plaîrait à plus d'un.


À suivre...



Fiche Technique :
Nom : Astérix
Date de sortie en France : 1993
Éditeur : Infogrames
Développeur : Infogrames
Intérêt en ludothèque : 4/5
Intérêt en Collection : 3/5
Côte : 5 à 10€ en loose
20 à 25€ complet

Sources : 
- 101Hardcore_Gaming.net, article Astérix.
- Astérix.com, section le musée des jeux vidéos.
- Pix'N Love N°10– Puyo puyo Propos de Stéphane Baudet recueillis par Regis Monterrin.


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