mardi 10 janvier 2017

Thèse : Ton jeu préféré

Culture Geek

Quel est ton jeu vidéo préféré ? La question qui tue.

Quand on est quelqu'un de normal, cette question fait plutôt sens. C'est exactement du même niveau que demander quel est ton film préféré ou ta chanson préférée. Mais quand on est passionné, un cinéphile, un prof de musique ou un collectionneur de jeux vidéos, vous pourrez être sûr que ces personnes vont vous jeter un regard noir. Car oui, cette question est probablement celle que je déteste le plus (devant _''C'est quoi ta console préférée ?'' ou _''Nintendo ou Sega ?'').

Premièrement, quelqu'un de lambda ne joue pas beaucoup aux jeux vidéos. Certains sont des vrais tueurs à FIFA ou à World of Warcraft, mais ils perdent tous leurs moyens quand on leur met un autre jeu entre les mains.
Toutefois, nous sommes nombreux à avoir eu une console de jeu étant petit. De ce fait, nous avons tous plus ou moins une ''petite'' expérience du jeu vidéo et sur une vingtaine (voire trentaine) de jeux essayés de l'enfance à l'âge adulte, c'est très facile de faire ressortir un jeu du lot. Comment ? Il suffit de se remémorer tous les bons moments qu'on a eu avec cette console et sur quel jeu on a eu le meilleur souvenir. Beaucoup de gens vous diront qu'ils adoraient le premier Super Mario Bros. sans citer d'autres titres, ou encore Sonic sur Mega Drive, les Pokémon sur Game Boy, et la liste est longue.

Il s'agit donc d'un manque d'expériences vidéoludiques. Le fait de n'avoir joué qu'à peu de jeu limite nos choix. Il est bien plus facile de trouver un jeu favori parmi cinq jeux que parmi trois cent. Aussi, de part cette faible expérience, un joueur ne saura pas vraiment faire la différence entre un bon et un mauvais jeu. Le jugement sera parfaitement subjectif.


Mais prenez quelqu'un qui passe déjà pas mal de temps sur un ordinateur. Juste un ordinateur, avec un compte Steam ou un émulateur. En soi, le joueur a déjà beaucoup plus de jeux que la normale (ce n'est qu'une hypothèse hein, j'ai beau moi-même aimer les jeux vidéos je n'ai que quatre jeux sur mon compte Steam...). Et commencer à choisir un jeu favori va être plus difficile à cause de deux facteurs.
Tout d'abord, lorsqu'on se retrouve à l'âge adulte, on a un certain recul sur la composition d'un jeu par rapport à ceux que nous avons eu enfant. Aussi, le joueur aura forcément tendance à être objectif, même s'il a un chouchou d'enfance le recul le poussera à se dire que malgré ses bons souvenirs, ce n'est objectivement pas au top et il préfère largement lancer le dernier Civilization plutôt que son ''chouchou''.
Ensuite, vient une sorte de paradoxe. Le joueur aura beau trouver les jeux récents mieux réalisés, surpassant techniquement de très loin tous les jeux qu'il a eu auparavant, malgré son jugement objectif il aura un mal terrible à se détacher de son avis subjectif, à savoir : son ''chouchou''. En bref, la raison pousse la personne à préférer les jeux récents mais le cœur la pousse à aimer les anciens malgré leurs défauts. Un paradoxe très fréquent chez les possesseurs de plus d'une cinquantaine de jeux vidéos (encore une fois, les chiffres ne sont que des hypothèses).

Ce coup-ci, ce n'est pas un réel manque d'expériences, le joueur s'est déjà fait une idée précise du monde du jeu vidéo mais plutôt un dilemme pour choisir le jugement objectif ou subjectif.


Enfin arrive notre cas, celui des passionnés, des collectionneurs, des hardcore gamers comme on dit. On ne parle plus ici de jouer à une petite cinquantaine de jeux doucettement éparpillés entre l'enfance et l'âge adulte mais bien d'une véritable vie entière composée de jeux vidéos. Et cette fois, je ne vais pas prendre une hypothèse mais mon propre cas.
Vous le savez peut-être grâce à l'onglet ''Base de Données'' de mon blog, ma collection totalise plus de 750 jeux à ce jour, dont au moins une bonne centaine (si ce n'est plus) de jeux auxquels je n'ai jamais touché ! En apprenant ce chiffre astronomique, beaucoup me demandent si j'ai le temps de jouer à tout, bien évidemment que non. Les jeux restés dans un carton qui ne sont pas encore rangés sur mes étagères en sont la preuve. Toutefois, je peux affirmer avoir joué au moins une fois (ne serait-ce que vingt minutes) à tous les autres jeux, et ça en fait tout de même près de cinq cent. Cinq cent jeux étalés entre ma première console quand j'avais huit ans et ce qu'on m'a offert à noël dernier. Pour rebondir sur les deux cas précédents, j'ai évidemment mes chouchous. Des jeux sur lesquels j'ai passé un temps fou ou qui m'ont tellement laissé de souvenirs.
Mais le problème est que ayant joué à beaucoup plus de jeux que la deuxième catégorie, le simple fait de collectionner les jeux vidéos pour le plaisir d'y jouer m'a forcé à trouver des qualités cachées dans des jeux mal accueillis par la critique ou souligner l'effort d'une équipe de développement par exemple. Mais quand on est gosse, c'est typiquement le genre de réflexion que l'on ne se fait jamais ! Tout ce qu'on veut c'est s'amuser ! Alors qu'ici on se retrouve avec un jeu qu'on l'on affectionne pas particulièrement mais que l'on trouve franchement réussi. Pour l'exemple, j'ai récemment mis en ligne les tests de Uncharted 3 et Rayman Origins qui sont géniaux mais qui m'ont laissé sur ma faim.
Autrement, il serait stupide de se mettre à collectionner les jeux vidéos uniquement dans le but de jouer à de bons jeux, ou alors on se spécialise dans les bons jeux, mais quand on est collectionneur au sens large on apprend petit à petit à aimer tous les jeux vidéos. Certes je suis en extase chaque fois que je relance ma vieille PlayStation 2 avec Sly Raccoon, mais je dois dire que l'allumer pour découvrir des perles oubliées (ou des navets jouables) m'enchante également. Non pas parce que je sais à quoi m'attendre car j'achète très souvent des titres dont je n'ai jamais entendu parler ou qui sont totalement oubliés par l'Histoire des jeux vidéos. Mais par pure curiosité, l'envie de découvrir les jeux. Ainsi, lorsqu'on porte une réflexion sur sa façon d'aimer les jeux vidéos, une fois passé ce stade de l'esprit, on commence à se forger un esprit critique systématiquement objectif.
Pour faire écho avec le deuxième cas, le joueur a du mal à choisir entre ce que son cerveau préfère et ce que son cœur préfère. Mais ici, on a joué à tellement de jeux différents, tellement de bons souvenirs mais aussi tellement de nouveautés qui réussissent à égaler la puissance des souvenirs que pour choisir il faut impérativement se montrer impartial et sans pitié. Bref, être parfaitement objectif.


Enfin, ce n'est qu'une partie du problème. Certes, on peut se montrer subjectif, objectif ou indécis il reste toutefois deux gros problèmes. Les types de jeux et le contexte historique qui sont des arguments en faveur du jugement objectif. 
Si on me demande quel est mon jeu préféré, je ne vais pas comparer un Burnout 2 Point of Impact et un Mega Man 2. Ce serait complètement absurde. Qu'est-ce qu'un jeu de course aurait en commun avec un jeu de plate-forme pour que l'on puisse se permettre de les juger sur les mêmes critères ?

_''Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur sa capacité à grimper dans un arbre, il passera sa vie entière à croire qu'il est stupide''. Albert Einstein

Traduction : Tous les bons jeux se valent. Mais si vous jugez l'aspect infiltration d'un Mario Kart, ce sera effectivement un mauvais jeu d'infiltration. En d'autres termes, quand on nous demande de choisir un jeu préféré, il faut d'abord choisir parmi les types de jeux qui arrivent en tête du podium. Pour ma part, si je classe mes dix meilleurs jeux, je me retrouve avec un jeu de course, un FPS, deux jeux de plate-forme, un jeu de combat, un jeu de réflexion, un jeu de tir et trois RPG... Comment veux-tu que je m'y retrouve là dedans ?! Seule solution : utiliser un jugement objectif.


MAIS, ultime problème : sur ces dix jeux, j'ai quatre jeux sortis entre 2011 et 2017, quatre jeux sortis entre 2003 et 2006, et deux jeux sortis entre 1999 et 2001, sachant que cinq sont sur console de salon et cinq sur console portable... Le contexte historique, nom d'un skag... Avant de rédiger cet article, je me suis amusé à faire un top cinq des meilleurs jeux de chacune de mes consoles. Ça c'est facile, ça va. Mais une fois que tous ces jeux sont mit dans un seul bac, sur quels critères va-t-on juger que F-Zero X sur Nintendo 64 sortit en 1997 est meilleur que Enduro sur Atari 2600 sortit en 1983 tout en écartant les différences techniques ? C'est bien simple, on ne peut pas. Le jeu vidéo est comme le cinéma, un média qui évolue avec le temps. De part son aspect technique comme visuel. Aujourd'hui, un gamin qui tomberait sur le premier Donkey Kong s’écrirait _'' C'est méga moche''. Mais à l'époque, c'est le top du top niveau graphismes. Peut être qu'un jour, nos enfants tomberont sur Watch Dogs sur PlayStation 4 et diront _'' Ouah, ils étaient daubés les jeux de papa...''.

_'' En effet, cette mise en ligne permettra à ceux qui en doutaient que ce n’était pas mieux avant, mais que…c’était bien pour l’époque ''. L'équipe de Dofus à propos de la remise en ligne de l'ancienne version du jeu (Dofus 1.29).

Mais comme tout ce petit argumentaire serait assez long à expliquer à quelqu'un qui n'y connaîtrait pas grand chose en jeux vidéos, répondez lui simplement que vous ne pouvez pas pour trois raisons. Vous avez beaucoup trop de jeux pour en choisir un, parmi eux ils sont de genres totalement différents que l'on ne peut mettre sur un pied d'égalité, et certains sont d'âges totalement différents.

Toutefois, il arrive que l'on ait un genre de jeux préféré. Personnellement je n'en ai pas. Mais j'ai des amis qui adorent les RPG et qui ne jurent que par Baldur's Gate, d'autres qui garderont la saga Ratchet & Clank dans leur cœur ad vitam eternam, ou encore certains qui ne jurent que par la stratégie Pokémon avec XY ou ROSA. Et ces gamers là, moi je dis que vous avez de la chance de savoir ce que vous aimez ;)


Oui, c'est exactement comme ça que je vous vois quand vous me posez
cette question, bande de néophytes !



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